Les escape games de la réussite
Première mise en ligne le 15 février 2020
Bonjour. Vous êtes cinq professeures et avez mis en place Les escape games de la réussite dans votre établissement, le collège Anne Franck de Saint-Dizier. Pouvez-vous vous présenter et nous en dire un peu plus sur ce projet ?
Nous sommes cinq collègues de cinq disciplines différentes : Ophélie Petiot en Histoire-Géographie, Odile Borras en Physique-Chimie, Aurélie Gaillet en EPS, Laure Guia en Éducation Musicale et Mélanie Barrès en SVT. Ce projet est basé sur la recherche de mobilisation de compétences chez nos élèves en les faisant coopérer autour d’énigmes liées à nos différentes disciplines. Il a commencé l’an dernier (année scolaire 2018-2019).
Comment l’idée des Escape games de la réussite est-elle née et pourquoi ce nom ?
Au départ, c’était l’envie de travailler ensemble. Puis on a recherché une façon ludique et nouvelle pour intéresser nos élèves et les amener à remobiliser des compétences travaillées en classe, et aussi à les faire coopérer. L’idée d’un escape game est venue très vite sur le tapis. On a eu une idée de scénario et nous étions parties.
Nous avons observé des effets positifs auprès de nos élèves. Par exemple, lors de notre dernier Escape Game, deux élèves plutôt absentéistes et peu motivés à travailler en classe, y ont participé et ont été parmi les premiers à résoudre l’ensemble des énigmes. Ils sont venus nous voir à la fin pour savoir quand on allait recommencer et nous remercier d’avoir organisé cela.
Certains élèves se démotivent quand ils n’arrivent pas à résoudre rapidement les énigmes, c’est donc bien de leur faire travailler leur persévérance. Quand la diminution de la motivation est trop forte, on leur apporte une petite aide en les revalorisant pour leur faire comprendre qu’ils sont capables de le faire.
Pendant et après un escape game, ils sont vraiment plus enclins à la persévérance et l’envie de réussir.
Y a-t-il des effets négatifs ? Des élèves qui n’adhèrent pas ? Des conséquences à la compétition ? Comment y remédiez-vous alors ?
Des effets négatifs ? On dirait que cela prend du temps à organiser, mais c’est vite oublié avec le sourire des élèves. Certains élèves accrochent un peu moins mais ils sont vite pris dans l’histoire et s’y mettent finalement. Nos élèves ont parfois tendance à abandonner très vite en temps normal en classe, là, on retrouve les mêmes abandons, mais moins rapidement.
La compétition entre les groupes n’est pas gênante, c’est elle qui va motiver les élèves et raccrocher les autres, c’est elle qui donne le petit « pic de boost ».
Vous proposez un jeu d’évasion avant les vacances scolaires de chaque période ce qui représente quatre ou cinq créations en une année. Comment procédez-vous ? Comment créez-vous vos jeux ?
Plusieurs semaines avant la fin de chaque période, on mange ensemble et on lance une idée pour le prochain scénario. Une fois le scénario validé entre nous, on se donne l’objectif de réfléchir à une énigme en lien avec une notion que l’on travaille en cours. Nos énigmes sont créées avec les compétences et notions travaillées alors en cours ou travaillées précédemment.
On se revoit plusieurs fois, souvent au moment des repas puisque nous n’avons pas les mêmes horaires. Nous discutons sur la présentation, l’organisation des créneaux et nous cherchons à construire au fur et à mesure une vision d’ensemble de l’escape game. Elle est ensuite remise au propre sur papier pour se répartir les tâches : matériel, photocopies, demande de salle, etc. La vidéo d’introduction est préparée et visualisée ensuite avant le jour J.
On finit par tester nous-mêmes ou faire tester par une équipe de collègues et d’assistants pédagogiques volontaires. On vérifie alors les énigmes et les éventuelles coquilles, on voit si ce n’est pas trop dur ou trop facile.
À qui vos escape games sont-ils destinés ? Toutes les classes sont-elles concernées ? Comment sont organisés les moments de jeu au sein de l’établissement ?
Ces escape games sont destinés aux élèves du collège, toutes les classes sont concernées de la Sixième à la Troisième, mais à des moments différents. En octobre, ce sont les Sixièmes avec un jeu en lien avec la découverte du collège dans le cadre de la compétence « S’orienter dans l’espace » travaillée en EPS pour la course d’orientation. Les Troisièmes jouent en Décembre pour ne pas perturber la préparation au brevet et les stages... En janvier ce sont les Quatrièmes et en avril les Cinquièmes.
Pour certains niveaux, les élèves participent à l’escape game sur leurs heures de cours dans l’après-midi de la veille des vacances. Les élèves n’ayant pas cours se portent alors volontaires pour jouer. Pour d’autres niveaux, on organise cela sur une journée avec des créneaux d’environ 1h25, en prévoyant dix à quinze minutes pour la rotation afin que les élèves ne se croisent pas dans les couloirs et ne se donnent les réponses. On a également le temps de préparer l’espace de jeu pour le groupe suivant.
Pour vous, qu’est-ce qu’un bon escape game pédagogique ? Lors de la construction, à quels points essentiels faites-vous attention ou, si vous préférez, quels sont les éléments incontournables d’un jeu d’évasion ?
Un bon escape game est un escape game où les élèves sont en totale autonomie et dans lequel les énigmes ne se suivent pas toutes (non linéaires) mais se « rejoignent » à la fin autour d’une énigme ultime ou un code final. Le scénario (mise en contexte) et la fouille sont aussi des éléments importants.
Vos sessions de jeu sont-elles suivies d’une phase de débriefing ? À quel moment ? Sont-elles prolongées par une réexploitation en classe ?
Avec les élèves, nous faisons toujours quelques minutes de débriefing en leur demandant ce qu’ils ont trouvé de difficile et de facile. On leur fait part aussi de nos observations : la lecture des consignes et des documents est souvent la plus grande difficulté qu’ils rencontrent.
En classe, on peut revenir avec eux sur l’escape game et leurs ressentis. Ils ont eu les vacances pour y « réfléchir », donc c’est un débriefing à froid si on peut dire. La réexploitation en classe est quasi automatique puisqu’on retravaille tout le temps la lecture des consignes, des documents, le travail en groupe, l’écoute entre les pairs... En EPS cette année, pour les Sixièmes, ils ont utilisé ce qu’ils avaient vu pendant l’escape game lors des séances de course d’orientation. Les élèves ont de ce fait été moins perdus avec le plan du collège puisqu’ils l’avaient eu pour l’escape game.
Avez-vous un exemple d’escape game à nous donner ? Un scénario ? Quelques exemples d’énigmes ?
Un exemple d’escape game en entier ? Un peu compliqué par écrit mais on va tenter.
En Quatrième : une vidéo d’introduction leur présente le scénario : « Vous êtes sur le bateau d’une croisière autour du monde. Malheureusement, votre bateau a été attaqué et il est en train de couler. Vous devez vous échapper avec les canots de sauvetage avant de finir engloutis sous l’océan. Malheur, vous vous rendez compte que les canots de sauvetage sont protégés par un cadenas à code. Vous devez trouver et résoudre les énigmes qui vous permettront d’ouvrir ce cadenas et de vous échapper de ce bateau avant qu’il ne soit trop tard ! Dépêchez-vous, vous n’avez qu’une heure et quinze minutes avant que le beau ne coule totalement ! L’ensemble des passagers compte sur vous, vous êtes leur dernier espoir… »
Les élèves rejoignent leur « cabine » de bateau où ils doivent fouiller pour trouver les énigmes à résoudre. Ils ont un fond musical qui annonce le temps toutes les 10 minutes. Ils doivent trouver un dépliant de la croisière avec l’énigme de géographie qui retravaille notamment les noms des continents, l’énigme de SVT qui nécessite de la lecture de graphique, l’énigme d’EPS qui exploite la notion d’appuis en acrosport et l’énigme de Physique-Chimie qui s’appuie sur les notions d’atomes et molécules. Chacune de ces énigmes est reliée au scénario : la Géographie via le parcours du bateau, les SVT via le besoin de libérer des passagers coincés dans leur cabine où le manque de dioxygène commence à se faire ressentir, l’EPS via les besoins d’accéder aux canaux de sauvetage avec une figure d’acrosport (échelle humaine) et la Physique-Chimie via le carburant utilisé par le bateau.
Comment peut-on vous contacter et suivre le projet ? Avez-vous un espace de publication ?
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Nous devrions bientôt avoir un espace de partage et de communication également ici-même :-)