2050. Une terrible pandémie ravage l’humanité. L’OMS vous contacte, oui vous, petit scientifique français... Êtes-vous prêt à sauver le monde ?

Dans cette nouvelle histoire dont vous êtes le héros d’Édouard Chuto, toute ressemblance avec une pandémie ayant existé n’est absolument pas fortuite. Dans la peau d’un jeune et — plus ou moins — brillant scientifique, c’est toute une enquête épidémiologique qu’il va falloir mener, à nos risques et périls.

Les préparatifs au voyage (alias les règles du jeu) nécessitent au lecteur un certain temps, voire un temps certain. Il faut tout d’abord choisir un profil de personnage parmi trois, puis tirer au sort de quoi augmenter les caractéristiques de ce personnage (intelligence, force, charisme et intuition), ensuite sélectionner un super pouvoir [1], et enfin opter pour un mode de difficulté. Plusieurs pages vont permettre de noter au fil du jeu les objets récoltés, les paragraphes traversés, et les références de prof de SVT complètement nerd que l’auteur a parsemées avec délectation.

Ça y est, tout est prêt ! C’est parti pour une folle enquête scientifique qui se déroule en Chine (toute ressemblance...). D’aventures en mésaventures, le lecteur rencontre un éminent professeur, des scientifiques et des truands, fait preuve de sagacité, de force ou de nullité, tout en en apprenant plus sur le monde merveilleux des microbes.

Assez rapidement, le joueur en arrive à intégrer une équipe de cinq scientifiques. À chacun sa spécialité et sa mini-aventure au sein de l’aventure. Pas de linéarité ici, le héros choisit qui consulter dans l’ordre qu’il souhaite. Au menu : la recherche du patient zéro de la pandémie, une étude des fluides corporels absolument atroce, un zoom sur des boutons et la visite d’une effrayante morgue labyrinthique, une balade au bord d’un lac infesté d’insectes et de larves à identifier, et la prise de mesures d’asepsie et d’antisepsie (ouf).

Mais l’aventure n’est pas encore terminée ! Il reste à expérimenter (sur ses collègues bien sûr) le vaccin élaboré pour peut-être vaincre enfin la terrible épidémie. Les derniers paragraphes récapitulent les découvertes réalisées au fil de la lecture, et d’accéder une des quatre fins possibles. Enfin, l’épilogue permet d’aller plus loin encore sur les micro-organismes, le microbiote, et les conséquences du réchauffement climatique sur la répartition et le réveil des micro-organismes pathogènes.

Quelle folle histoire ! On sort de la lecture rincé mais ravi, avec une seule hâte, retrouver le temps de recommencer pour réaliser d’autres choix, découvrir d’autres chemins, accéder aux autres fins. L’épaisseur de l’ouvrage (350 chapitres !) qui peut faire peur au début est en fait le reflet de la grande rejouabilité du récit [2]. Les références à la pop-culture sont terriblement réjouissantes [3]. Mention spéciale au labyrinthe de la morgue (qui tue) très immersif, avec de nombreuses énigmes et une vraie liberté de s’y perdre.

Contrairement à L’Odyssée de l’espèce, le premier ouvrage d’Édouard, qui reposait beaucoup sur le lancer de dés [4], L’épidémystérieuse ne propose que des choix ainsi que des énigmes qui empruntent beaucoup aux escape games : code césar, cadenas, labyrinthe, digicode, ordonnancement de tableaux permettant d’enclencher un mécanisme... Habilement associés, on retrouve les supports classiques mais revisités des SVT, comme une clé de détermination, une photographie d’ustensiles numérotés, un dessin d’observation, ou encore le tableau de compatibilité sanguine.

L’auteur a aussi à cœur d’inculquer de gré ou de force des éléments de culture scientifique, avec notamment des expériences historiques reproduites au fil des paragraphes, dont une absolument dégoutante... Ce qui ne la rend que plus mémorable ! Voilà qui vient parfaire une histoire dont vous êtes le héros à mettre entre toutes les mains, particulièrement les vôtres et celles de vos élèves de Troisième et de Seconde.

Édouard Chuto récidive pour notre plus grand plaisir car oui, on adore les livres-jeux, la démarche scientifique et les expériences dégueu. On vous recommande chaudement L’épidémystérieuse pour vous titiller le cerveau et vous ébaudir au coin du feu les longues soirées d’hiver !