Comme nous l’indiquions dans l’article « Scénario : à l’AIde l’IA ! », l’intelligence artificielle peut vous être d’un grand secours pour créer la trame de votre jeu d’évasion ou de votre histoire interactive. Il en va de même pour la réalisation de l’univers dans lequel vous désirez plonger vos joueurs. Les auteurs d’escape games savent comme il est long et difficile de créer un univers original et cohérent. Alors, en quoi l’IA peut-elle vous apporter son aide dans ce domaine ?

Au menu de cet article :

• Une immersion par l’image
• De faux documents sans défaut
• D’autres idées en vrac

Une immersion par l’image

Dans l’article précédent, nous donnions l’exemple de l’histoire interactive générée par ChatGPT, à laquelle il avait été donné le titre plutôt ronflant Les Jardins Éternels de Solara : L’Équilibre de la Biosphère. La version 4 de ChatGPT intègre le générateur d’images DALL-E. Nous lui avons donc également demandé de nous proposer la couverture correspondante à l’histoire.

Pourrais tu me donner 4 images possibles pour la couverture de cette histoire ? Dans des types très différents : steampunk, fantastique, futuriste, moyenâgeux.

Le résultat n’est pas trop mal, même si DALL-E a des difficultés dans l’apprentissage de l’écriture !

D’autres collègues sont allés beaucoup plus loin et ont construit les décors complets de leur escape game grâce à l’intelligence artificielle.

Marie Darif a créé les décors et personnages de son escape game virtuel Atlantis [1] (Mathématiques, Cycle 4) avec MidJourney, alors que l’accès à cet outil était encore partiellement gratuit. La cohérence de l’univers obtenu rend le jeu très immersif, et le style rappelant les dessins animés La petite sirène et Nemo convient très bien aux élèves de collège.

« Le jeu Atlantis a été créé grâce aux images de Midjourney. Certaines ont été trouvées dans la galerie de Midjourney, qui contient un nombre incroyable d’images libres de droit, d’autres ont été créées de toutes pièces avec des prompts personnalisés. »

Une autre expérience de création d’un univers avec l’IA : celui de Pya dans le Monde du Code. Mélanie Fenaert a exploité Bing Image Creator (désormais Copilot Designer) pour le personnage principal et les décors de cette histoire interactive destinée aux lycéens (SNT, NSI). Quelques retouches et un peu de montage d’images très simple ont permis une création rapide pour un résultat immersif.

Un escape game de A à Z

Dans le même ordre d’idée, Zecalvin a utilisé diverses IA pour créer un escape game de toutes pièces, comme il le détaille sur son blog. Sa démarche a consisté à interroger ChatGPT à partir d’un embryon de scénario dans l’univers des Pokémons pour trouver des idées d’énigmes et des noms de Pokémons, puis Bing Image Creator pour la création visuelle des personnages, décors et logos [2] .

« Certaines propositions sont très chouettes, mais il leur manque souvent un petit quelque chose, ou elles comportent des imperfections qui les rendent peu utilisables. Je décide donc de donner un petit coup de pouce à la machine et de me mettre à retoucher manuellement ou mélanger certaines images. Le résultat commence alors à être à la hauteur de mes espérances. »

Mais Zecalvin se confronte à l’impossibilité de créer des décors détaillés, notamment la carte du monde de son jeu. En effet le format des images est imposé (forme carrée) et leur résolution est relativement faible. Il se tourne alors vers d’autres IA génératives d’images : NightCafé tout d’abord, pour s’arrêter finalement sur Stable Diffusion. Cette IA exploite la technique de l’outpainting, permettant d’agrandir une image en générant du contenu sur ses bords.

D’autres IA apporteront aussi une grande aide aux créateurs d’escape games, notamment celles intégrées dans des outils comme le logiciel Photoshop ou le service en ligne Freepik qui a récemment développé Pikaso. Ce dernier génère une image à partir d’un prompt que l’on peut affiner à l’aide d’un dessin à main levée. Les premiers essais sont carrément bluffants ! Les modifications se dessinent en temps réel en fonction des ajouts et des déplacements. Elles sont de plus réversibles, permettant de revenir sur une précédente proposition de l’IA.

Parmi les outils disponibles, nous apprécions Fast SDXL capable de fournir des images au rendu impressionnant, sans nécessiter la création d’un compte pour l’utilisateur. Par exemple, nous avons obtenu l’image ci-dessous par un simple prompt : forêt sous-bois style fantasy avec brume lumière de fond dame blanche.

On obtient donc assez facilement des images permettant d’illustrer ses aventures. Utiliser un générateur unique garantit l’acquisition d’une série homogène d’images, homogénéité indispensable à la cohérence et à l’immersion du joueur.

De faux documents sans défaut

L’IA peut également vous aider pour réaliser vos faux documents. Vous avez besoin d’une lettre écrite par Léonard de Vinci ? ChatGPT peut l’écrire pour vous.

Peux-tu m’écrire une lettre à la manière de Léonard de Vinci. Destinée aux membres d’une confrérie secrète, elle annonce qu’il a réalisé une invention secrète. Les plans de cette invention sont cachés dans un cryptex et qu’il faut résoudre des énigmes pour trouver la combinaison.

Le premier jet est réussi, mais un peu trop long à notre goût pour une lettre qui doit servir d’introduction à un jeu d’évasion. Il suffit de lui réclamer de réduire le texte à deux ou trois paragraphes.

Au passage, le nom de la confrérie a changé. Cette variabilité dans les propositions successives est une des difficultés que l’on rencontre avec l’IA.

En fournissant un texte initial à réécrire « à la manière de », on obtient également des résultats intéressants. Par exemple, nous avons demandé lors de nos premiers essais avec ChatGPT de réécrire un poème dans le style d’un Rap ou sous la plume de Dark Vador. Retrouverez vous le poème d’origine ?

D’autres idées en vrac

Déjà en 2019, on utilisait l’IA pour créer des avatars. Le site Thispersondoesnotexist génère de faux visages de façon aléatoire mais, en absence de paramétrage, il est souvent difficile de trouver son bonheur. Les nouveaux outils, comme QuickQRArt permettent de fusionner les images entre elles afin d’obtenir des photos réalistes reprenant les traits de personnes (plus ou moins) connues.

Il nous reste deux domaines à explorer, ceux de la génération d’audio et de vidéo. Nos premiers essais avec la vidéo ne sont pas du tout convaincants, l’audio semble plus prometteur dans l’immédiat. On vous donne rendez-vous prochainement pour une analyse plus approfondie de ces outils et de leur utilisation dans les escape games !