Le grimoire enchanté
Première mise en ligne le 26 mai 2022
"Mais rangez-moi cette encyclopédiiiiiie" implore la voix du fantôme dans la salle. L’indice est lancé et vite compris... Un joueur prend les quatre tomes de l’encyclopédie des potions et philtres magiques et les classe selon l’ordre des numéros de volume. Une petite mélodie se fait entendre suivie du bruit d’un mécanisme. Le volume III vient de s’entrouvrir, libérant de nouveaux objets et indices.
Nous avons créé cette encyclopédie pour l’escape game Examagicus ! [1] en utilisant quatre faux-livres issus d’une méthode pour apprendre l’anglais et contenant chacun trois cassettes et un livret (dimensions : 40 X 30 X 9 cm).
Trois d’entre eux ont été collés [2], le quatrième a été équipé d’une serrure à capteur de carte à puce RFID. Cette dernière était cachée dans la première de couverture d’un des ouvrages. Ainsi en rangeant l’encyclopédie, on approche la carte de la serrure, ce qui déclenche son ouverture. Voici pour le principe, le montage est aussi simple à réaliser, même si les détails sont importants.
Dispositif d’ouverture
Le modèle de serrure acheté [3] correspond à un type couramment utilisé pour les tiroirs et les armoires. Son prix varie fortement d’un site à l’autre et il est donc bon de fouiller un peu internet. Le produit commandé nous a été livré avec un badge et deux cartes dont l’une sert à programmer la reconnaissance.
Afin d’éviter de visser dans les tranches ou la reliure du livre, la gâche - c’est-à-dire le boîtier principal qui contient les piles et le circuit - a été placée au fond du faux-livre, en troisième de couverture. L’autre partie - celle avec le pêne - a donc été fixée en deuxième de couverture correspondant au couvercle de la boîte. Pour que cela fonctionne, il a été nécessaire de tordre à 90° la pièce métallique.
Le boîtier possède une fiche micro-USB femelle permettant de l’alimenter par l’intermédiaire d’un câble et d’un chargeur pour téléphone, en cas d’absence ou d’usure des piles. Nous décidons de décentrer la gâche et de la placer contre la tranche de tête (haut du livre). Afin d’éviter que la partie basse du livre ne se soulève trop facilement et que les joueurs soient tentés d’arracher la couverture, on ajoute un loquet magnétique. Les différentes pièces sont fixées par l’intermédiaire de vis et d’écrous à travers le carton de la couverture.
La couverture d’un des autres livres est creusée pour y placer la carte RFID. Dans notre cas, comme la gâche est fixée du coté du fond du troisième volume, la carte doit être disposée juste en face sur le dessus du volume II.
On insère les piles et on vérifie le bon fonctionnement du montage avant de passer à l’habillage des livres. Il est toujours temps de dévisser la serrure et d’ajuster les positions des divers éléments en cas de problème.
Habillage
Il est tout à fait possible de réaliser une décoration en collant sur les couvertures objets variés, ficelle, sur-épaisseur de cire, etc. puis de recouvrir de papier de soie froissé comme nous l’avions fait pour nos Grimoires en boîte. Cependant, nous voulions que les quatre volumes se ressemblent et que les inscriptions soient en creux comme dans une vraie encyclopédie. Nous avons utilisé de la mousse EVA de 15 mm d’épaisseur que nous avons gravée à la graveuse-découpeuse laser [4].
Après gravure, la mousse est collée sur les livres. Les bordures sont ensuite poncées en biseau. À l’aide de papier aluminium froissé et d’un fer à repasser, on arrive à simuler l’aspect du vieux cuir.
On passe ensuite sur l’ensemble de la couverture une couche de peinture acrylique noire. Il est possible pour parfaire le visuel de mettre quelques touches de rouge ou d’une autre couleur utilisée en maroquinerie. On peut donner quelques coups de papier de verre pour imiter les traces d’usure. Pour finir, les zones gravées sont peintes avec une couleur dorée. La mousse EVA recouverte de peinture acrylique crée au toucher une sensation douce très proche de celle du cuir. Il ne manque plus que l’odeur...
Les tranches de nos faux-livres sont en plastique lisse. Pour simuler les pages, nous avons réalisé des sillons irréguliers avec un fer à souder, puis recouvert d’adhésif de masquage que nous avons ensuite frotté avec une brosse métallique dans le sens de la longueur. L’adhésif a également permis de cacher l’orifice laissé pour accéder à la prise USB de la serrure. Pour parfaire le résultat, il est possible de passer différentes teintes de blanc, jaune, crème...
Adaptation et amélioration possibles
Vous n’avez pas de faux-livres ? Il est tout à fait possible de faire un livre creux en vérifiant cependant que ses dimensions permettent de recevoir la serrure à capteur RFID.
D’ailleurs, nous envisageons de remplacer ce type de serrure par des verrous magnétiques reliés à un circuit qui contiendrait plusieurs interrupteurs laminaires sensibles au champ magnétique. Cela permettrait de déclencher l’ouverture du livre uniquement s’il est placé entre deux autres, ou d’envisager des réactions différentes en fonction du livre placé dessus.
[1] Ce jeu d’évasion réalisé pour le musée national de l’éducation de Rouen est décrit dans l’article Examagicus ! .
[2] Ce ne sont ici que de simples boîtes vides, mais il est envisageable de créer, pour chacune d’elles, d’autres mécanismes d’ouverture et d’avoir ainsi une collection de boîtes secrètes.
[4] C’est la vidéo de La Bizounerie sur la réalisation d’un tampon-encreur qui nous en a donné l’idée.