Rémi Prieur

Article écrit par : Patrice Nadam
Première mise en ligne le 3 février 2022
Interview d’un Lord

Bonjour Rémi. Merci d’avoir accepté cette interview.
Passionné d’escape games, tu as ouvert ta propre enseigne, Majestic Escape Game à Paris, et créé le site escapegame.fr. Tu es aussi l’auteur de plusieurs livres et boîtes de jeux d’évasion. Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours, s’il te plaît ?

J’ai découvert les escape games le 11 juillet 2014. À cette époque, il n’existait que trois ou quatre enseignes dans toute la France. De suite, j’ai eu envie de tenter l’expérience. Le 14 juillet je faisais déjà ma deuxième salle. Blogueur dans l’âme, j’ai voulu partager cette découverte. J’ai accompagné l’évolution de ce secteur grâce à mon site Escape Game Paris qui est devenu EscapeGame.fr.

Tout le reste a été un concours de circonstances. Un éditeur est tombé sur EscapeGame.fr et a proposé à la rédaction de concevoir un livre-jeu. Pour l’enseigne j’ai eu la possibilité de quitter mon entreprise. Tous mes amis m’ont alors poussé à tenter l’aventure !

PNG - 1 Mo

D’où te vient le goût pour les jeux et les escape games ? Est-ce le fait d’avoir gardé une âme d’enfant, comme le laissent supposer ton fil Twitter et ton blog rafraîchissant ’C’est joli chez vous’, sur les parcs de loisirs ?

Comme tu as pu te rendre compte avec mon blog, j’ai un très fort attrait pour le monde du ludique et du divertissement. Quand je visite un parc à thèmes, au-delà des attractions, ce que je recherche c’est être placé en immersion dans un univers qui me déconnecte du train-train quotidien. C’est ce que proposent les escape games à la différence que, contrairement aux parcs où on est passif à regarder des décors, dans les jeux d’évasion on est pleinement acteurs.

Plusieurs livres et boîtes d’escape games à ton actif sont à destination des enfants. Y a-t-il une difficulté particulière à écrire pour les plus jeunes ? As-tu une méthode pour juger de la difficulté des énigmes et pour doser le niveau d’aide à apporter ?

Avant de commencer à écrire des livres pour enfants avec Mélanie Vives, nous avons longtemps décortiqué différents livres d’activité de plusieurs tranches d’âges (6-8 et 9-12). Ceci nous a permis de mieux appréhender ce que nous pouvions demander à des enfants pour nos collections Escape Game Kids et Escape Game Junior. Pour certains points plus précis, nous regardons aussi les programmes scolaires afin de confirmer que certaines notions ont déjà été inculquées aux futurs joueurs.

Peux-tu nous détailler ta manière de procéder pour la création d’un escape game ? Par quoi commences tu ? Comment te viennent les scénarios ? Y-a-t-il des éléments déclencheurs ?

En premier nous réfléchissons au thème. Nous sommes assez à l’écoute des univers qu’aiment les enfants. Il est évident que nous n’allons pas proposer une histoire sur un thème qui n’intéresse pas notre public. Après, nous faisons un brainstorm et "jetons" toutes les idées qui nous viennent en tête vis-à-vis de ce thème (idées d’énigmes, idées de rebondissement). Enfin on reprend toutes ces idées et nous écrivons l’histoire avec en ligne de mire : écrire une histoire captivante et cohérente.

Dans un escape book, les images sont essentielles pour l’immersion du joueur. L’album Les enfants de la résistance est magnifiquement illustré par Benoît Ers. On y retrouve des dessins issus de la BD, mais également des illustrations spécifiquement réalisées pour les énigmes. Quelles sont les relations entre auteur et dessinateur ? Comment avez-vous procédé, Mélanie Vives et toi, plus précisément ? Notamment pour la représentation de l’émetteur radio, une très belle double page qui imite une valise ouverte, avec moult détails.

Benoît Ers et Vincent Dugommier, le dessinateur et le scénariste des Enfants de la résistance, ont été présents pendant toute la durée du projet. Ils nous ont fait l’honneur de nous "prêter" leurs personnages pour l’écriture de cette histoire inédite. Ils nous ont aussi aidés à bien comprendre les enjeux de cette période de la seconde guerre mondiale, à éviter des erreurs historiques et ainsi avoir le scénario le plus crédible possible. Une fois qu’ils ont amendé notre scénario et nos énigmes, Benoît s’est chargé de dessiner les éléments qu’on avait gribouillés. Nous voulions à tout prix avoir des dessins originaux pour que ce livre ne soit pas un banal livre où les énigmes étaient posées sur des visuels issus d’une charte graphique. Ce livre est une vraie aventure immersive où le visuel sert le texte.

JPEG - 75.3 ko

S’cape s’intéresse aux escape games pédagogiques. Dans Les enfants de la résistance, quelques encarts « Le sais-tu ? » apportent de petites touches d’Histoire au gré de l’histoire fictive. Comment mélanger sérieux et jeu ? Peut-on apprendre ou découvrir par le jeu ? Est-ce important pour toi ?

Nous faisions déjà ça dans notre collection Escape Game Junior. Même si on reste dans un jeu, nous voulions que les enfants curieux puissent avoir des informations pédagogiques sur des éléments rencontrés durant l’aventure. Ainsi, dans un de nos livres Escape Game sur le thème du jeux vidéo, nous leur donnons des infos sur les premiers jeux qui ont vu le jour...

L’idée est de rester sur des contenus pédagogiques qui ne soient pas rébarbatifs. On reste dans un livre récréatif. Nous avons conservé ce fonctionnement pour le livre Les Enfants de la Résistance.

PNG - 469.5 ko

Pour finir, peux-tu lever le voile sur un mystère ? Pourquoi utilises-tu le titre de Lord of Glencoe pour ton compte Twitter ?

Il y a deux ans, Mélanie m’a fait découvrir le projet Highland Titles. Un noble écossais a eu l’idée de vendre une partie de son domaine à des gens comme toi et moi. Il s’agit de parcelles de 1m². L’objectif est de rendre ce terrain invendable car aucun promoteur n’arrivera à racheter les milliers de parcelles appartenant à des milliers de propriétaires. En échange de cet achat, tu deviens Lord/Laird ou Lady of Glencoe. J’explique tout sur mon blog.

Malheureusement tu ne peux pas siéger à la chambre des Lords, en revanche j’ai pu mettre ce titre sur ma Carte Bleue et ça... ça en jette !

Merci très cher Lord !