Le modèle SEGAM

Article écrit par : Mélanie Fenaert
Première mise en ligne le 20 juin 2019

SEGAM, c’est plus fort que toi ! [1]

Gaëlle Guigon, Jérémie Humeau et Mathieu Vermeulen [2] de l’Institut Mines-Télécom Lille-Douai ont conçu en 2017 Escape Classroom, un défi-évasion pour un cours d’optimisation combinatoire, une discipline très complexe demandant notamment à manipuler un grand nombre de chiffres.

Forts de leur expérience, l’équipe a proposé en 2018 un modèle de construction d’un escape game pédagogique, nommé SEGAM (Serious Escape GAme Model), s’appuyant lui-même sur d’autres modèles de design pédagogique [3].

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Le jeu est décomposé en différents niveaux, ou étapes successives. L’organigramme se lit de gauche à droite, chaque énigme correspondant à une ligne. Les éléments ou indices menant à la résolution de l’énigme sont placés le long de cette ligne, selon le moment de leur découverte durant l’escape game. Le diagramme obtenu peut laisser penser que le scénario est linéaire. Cependant, si la temporalité est clairement cadrée, la convergence et l’imbrication des énigmes sont bien présentes et prévues dans le modèle.

Pour mieux comprendre, prenons l’exemple d’Inside Memory, un jeu d’évasion créé par Vanessa Marescot, Gaëlle Guigon et Mathieu Vermeulen. Il a été conçu à destination d’étudiants dans le cadre d’ateliers méthodologiques sur l’Apprendre à Apprendre, notamment concernant l’engagement et la mémorisation.

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L’organigramme ci-dessus contient quatre énigmes, se résolvant selon quatre étapes successives précisées en haut : ouverture du sac à dos, déverrouillage de la tablette, ouverture du coffre puis du fichier final. Cependant, si on prend les éléments de la première étape, on constate que les indices récoltés lors de la fouille correspondent à trois énigmes : il va falloir trier, associer les éléments... certains amèneront à l’ouverture du sac à dos, qui délivrera de nouveaux indices à relier à une partie des précédents pour réussir l’étape suivante : l’imbrication est bien présente.

Le modèle a aussi été pensé en termes de progressivité : les niveaux peuvent correspondre à une difficulté croissante des énigmes, permettant un cheminement peut-être plus rassurant pour les joueurs.

On peut aisément imaginer un scénario convergent avec le modèle SEGAM : dans ce cas plusieurs énigmes se résolveraient sur un même niveau, permettant d’accéder à l’étape suivante ou au final.

L’équipe de l’IMT Lille-Douai est allée plus loin cette année, en proposant un outil en ligne basé sur le modèle SEGAM, permettant de construire son escape game en partant de ses objectifs pédagogiques complétés d’autres critères (compétences et notions visées, contraintes, background, organisation...) [4]. Tout en complétant les différents champs avec les énigmes, indices, coups de pouce... l’organigramme se construit progressivement.

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L’interface est encore en développement, et tous les avis et propositions sont les bienvenus ! N’hésitez pas à en faire part aux auteurs.

[1Impossible de résister à cette référence vidéoludique... ;-)

[2Respectivement ingénieure techno-pédagogique pour Gaëlle, ingénieur de recherche pour Jérémie, et pour Mathieu : responsable TI (Technologie de l’Information), ingénieur de recherche EIAH, PhD.

[3Notamment le modèle DISC développé par Mathieu Vermeulen.

[4Un article en anglais sur cet outil.

Gaëlle Guigon est ingénieure techno-pédagogique.
Jérémie Humeau est ingénieur de recherche.
Mathieu Vermeulen est responsable TI (Technologie de l’Information), ingénieur de recherche EIAH, PhD.