Panique à Saint-Rieul
Nous voici à Louvres (95) pour un premier repérage des lieux. Après une visite du musée ARCHÉA, nos guides, Anaïs [1] et Soizic [2], nous mènent dans la rue des Deux-Églises, coincée entre deux bâtiments religieux. À son extrémité se dresse la Tour Saint-Rieul, seul vestige de l’ancienne église du même nom, faisant front à sa voisine, l’église Saint Justin dépourvue, elle, de clocher. Nous entrons dans le square, une lourde porte de bois limite l’accès à la tour.
Le lieu est magnifique et chargé d’histoire. Les restes d’une ancienne nef où se mêlent architectures gothique et romane. Des graffitis témoignent d’un passé mouvementé. Construite sur une ancienne nécropole, la Tour a été successivement un atelier de fonderie de cloches, une fabrique de salpêtre sous la Révolution, une prison, un musée... L’église a subi de multiples transformations et agrandissements dont le sol conserve encore les traces.
C’est un local idéal, ni trop grand ni trop petit. Seules quelques vitrines vides occupent l’espace. Il y a de nombreux recoins qui pourront servir de cachettes. Au centre d’une arcade aveugle est creusée une petite niche, parfaite pour accueillir un coffre secret masqué par un panneau. On imagine déjà un mécanisme d’ouverture complexe. À l’opposé de la pièce, juste à l’entrée, une dalle vitrée protège un squelette. De quoi mettre dans l’ambiance les joueurs dès leur arrivée !
De nombreuses fouilles ont été entreprises depuis 1974 au cœur de l’église. On découvre en 1977 au pied du clocher plusieurs squelettes masculins, puis, plus en profondeur, des sarcophages en pierre et plâtre dont l’un avec un riche décor de croix pattée a été restitué plus tard au sein de l’église. Par la suite, on entreprit de prolonger les fouilles dans le square où furent découvertes de très nombreuses tombes. C’est en 1987 que plusieurs sépultures prestigieuses mérovingiennes furent mises au jour, témoignant de la conquête de l’Île-de-France par les Francs. Les quinze siècles d’inhumations font de ce lieu, avec ses 317 sépultures, un site de référence dans le monde scientifique. Le premier musée associatif s’implante en 1990 dans le clocher de Saint-Rieul.
Trente ans plus tard, c’est l’occasion de réinvestir les lieux pour un escape game, une façon de fêter également l’anniversaire d’ARCHÉA, héritier de ce premier musée, qui a ouvert ses portes en 2010 quelques centaines de mètres plus haut. La présence de la sépulture nous laisse imaginer un scénario avec un fantôme. L’équipe du musée n’est pas contre une part de fantastique, c’était l’une de leurs idées d’ailleurs. Elles avaient aussi pensé centrer le jeu sur Vidocq, qui a fait un passage dans la maison carcérale implantée dans la tour de Louvres. Intéressant tout ça, il faudra se plonger dans les Mémoires de ce personnage illustre. Mais, si la série télévisée l’a rendu célèbre dans les années 70, est-ce pertinent aujourd’hui de centrer l’histoire sur lui ?
Les colonnes possèdent encore les traces des planchers ajoutés à l’époque de la prison. Quelques-unes sont recouvertes de graffitis. Assurément, certains sont récents, mais d’autres sont de réels témoins du passé. Une magnifique stèle offerte par la famille DUGAS représente un laboureur et sa femme, Pierre et Marie. La dalle funéraire porte de nombreuses inscriptions difficiles à déchiffrer. Quelques têtes de mort sont également sculptées dans la pierre.
Il nous faut trouver des idées d’énigmes en exploitant les éléments présents dans cette salle. Les joueurs ne sont pas habitués à lever les yeux. De très belles poutres apparaissent sur une partie du plafond : on peut les faire compter. Au sol, des lignes de couleurs retracent la position des fondations des bâtiments qui se sont succédé au cours des siècles. On peut les exploiter pour retrouver des dates... On évitera les graffitis, trop fragiles. Anaïs et Soizic veulent aussi que l’escape game fasse écho au métier d’archéologue et à la collection du musée.
La nécropole a révélé de très nombreux objets d’une facture exceptionnelle à l’origine de la collection d’ARCHÉA. Il y a des fibules [3] diverses et variées. D’ailleurs, deux d’entre elles, de forme aviaire, sont représentées sur les cartels du parcours enfant du musée. L’original du pied de sarcophage est en bonne place dans une vitrine. La reconstitution de trois tombes - un guerrier et deux femmes - mises en scène au centre du musée, constitue le point final de la visite du musée.
Nous repartons avec le plein de photos, de vidéos et d’idées. Des éléments à utiliser s’imposent déjà : une carte, un plan, un puzzle, des symboles reprenant la forme des fibules... Le scénario se dessine, même s’il doit évoluer pour conserver une cohérence chronologique. Anaïs et Soizic nous apporteront les connaissances nécessaires pour ancrer l’aventure avec leur métier. Gilles [4] le bricoleur, qui est aussi un peu magicien, a déjà une foule d’idées pour la réalisation de mécanismes. Nous repartons avec deux ouvrages sur Saint-Rieul, qui seront nos livres de chevet le temps de l’élaboration de l’escape game. Les quatre tomes des Mémoires de Vidocq, retrouvés sur le site de BNF, feront sûrement partie du jeu. Il nous faudra revenir pour le tester avec un public choisi et pouvoir le laisser entre les mains de l’équipe du musée.
[1] Anaïs Ortiz, chargée de mission Patrimoine.
[2] Soizic Berthé, chargée de documentation et assistante exposition.
[3] Pièces de métal servant à agrafer les vêtements.
[4] Gilles Dupré, technicien en scénographie.
le 6 novembre 2021
Scénario annoncé | ✓ |
Amorce audiovisuelle | |
Final marqué | ✓ |
Organigramme | ✓ |
Scénario convergent | ✓ |
Imbrication | ✓ |
Étapes | |
Énigmes variées | ✓ |
Fouille | ✓ |
Puzzle | ✓ |
Cadenas | ✓ |
Outils numériques | |
Décor | ✓ |
Ambiance sonore | ✓ |
Effets spéciaux | ✓ |
Consignes réduites | ✓ |
Coups de pouce anticipés | ✓ |
Débriefing anticipé |