Les poulets du professeur Eijkman

Indes, fin du XIXème siècle. Les habitants d’un camp tombent malades les uns après les autres. Les symptômes sont une grande fatigue et des troubles du système nerveux. Que se passe-t-il ? Marche dans les pas du médecin Eijkman et découvre la vérité !

Le lecteur-joueur est averti dès le début : cette histoire est une fiction ! Si le Dr Christiaan Eijkman a bien existé et découvert l’origine de la maladie nommée « béri béri », il s’agit ici pour les élèves de Cycle 4 de se mettre dans la peau d’un chercheur et d’appliquer la démarche scientifique dans une enquête médicale se déroulant sur plusieurs semaines.

Le décor de l’histoire : un village indien où l’on peut circuler à volonté entre le dispensaire, le laboratoire et les cuisines du camp. Le joueur peut ainsi à sa guise rencontrer et interroger les protagonistes de l’histoire, réaliser des prises de sang, émettre des hypothèses, expérimenter... Les actions proposées à chaque étape sont nombreuses et variées : aller au dispensaire ou au laboratoire ? Examiner un patient ou discuter avec le cuisinier [1] ? Aller voir les poules ou analyser les résultats sanguins ? Poursuivre les investigations ou patienter quelques semaines ?

Pour le ludique, le joueur récolte une demi-douzaine de « trophées » qui valident les actions correctes tout le long de l’histoire. De petites touches d’humour et le graphisme allègent l’histoire, dont le sujet et les illustrations d’époque restent sérieuses et dramatiques.

Gare aux erreurs de raisonnement, ou aux expérimentations peu rigoureuses ! L’histoire se termine alors avec un feedback expliquant l’erreur commise. L’application permet tout de même de revenir sur ses pas et de modifier son choix là où on a échoué.

Une fois les étapes de l’histoire et de la démarche scientifique accomplies avec succès, les derniers écrans fournissent une explication plus complète sur l’origine du béribéri et la découverte des vitamines.

Nicolas Gaube, professeur de SVT en collège, est l’auteur de cette histoire dont vous êtes le héros à vocation pédagogique et scientifique. Il s’est inspiré d’un jeu sérieux du site nobelprize.org, initialement en flash et aujourd’hui disparu.

« Moiki m’a semblé un outil tout à fait pertinent pour recréer ce jeu sous la forme d’une histoire dont vous êtes le héros. En menant l’enquête sur l’origine du béribéri, les élèves travaillent la démarche d’investigation et ont un aperçu de la construction des connaissances scientifiques à travers un exemple historique. »

L’histoire conçue par Nicolas exploite les fonctionnalités originelles de Moiki [2], comme les embranchements et les variables, pour créer une enquête originale, à la fois scientifique et littéraire.

« Le jeu a été très bien accueilli par l’ensemble des élèves. Selon leur niveau de lecture, ils ont eu plus ou moins de facilité à y jouer. La navigation par le biais de boutons a pu déstabiliser certains élèves habitués à cliquer sans lire. Il était important de bien expliquer, dès le départ, le principe d’une histoire dont vous êtes le héros. »

Pour un premier essai avec Moiki, c’est un essai très réussi. On pourrait suggérer d’exploiter encore plus les possibilités de Moiki en sonorisant l’histoire par exemple [3]. Nicolas envisage aussi d’autres améliorations.

« La trame de l’histoire pourrait être retravaillée afin d’offrir un univers plus immersif et peut-être un peu moins caricatural quant à la démarche scientifique. Par ailleurs, l’écran de fin laisse l’impression aux élèves que l’aventure est finie, certains se sont arrêtés là sans lire l’épilogue concernant la vraie cause du béribéri et la vitamine B1. »

L’activité a duré entre vingt et trente minutes. L’organisation assez informelle n’a pas empêché les élèves de s’impliquer et de s’organiser pour s’entraider.

« Au cours de leur lecture, les élèves devaient rendre compte de l’état de leurs hypothèses et de l’avancée de leurs découvertes. Certains élèves ont travaillé ensemble en échangeant sur leurs parcours pendant le jeu, ou, à la fin du jeu. Le débriefing a consisté à s’assurer que les causes du béribéri étaient bien comprises. Nous avons aussi abordé les biais qui peuvent influencer le travail du scientifique. Par exemple, Eijkman étant spécialiste en bactériologie, il a tout naturellement pensé que le béribéri était d’origine bactérienne ! Cette erreur ne l’a d’ailleurs pas empêché d’avoir le prix Nobel, même si la réponse est ailleurs ! »